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maybenosman

MANIFESTER LE MONDE (CHAP.1) : L’ILLUSION – CE QUE TU CROIS VOIR

By Thèmes du moisNo Comments

Le thème de ce trimestre, et de cette nouvelle saison – le printemps – est « Manifester le monde ».
Il ne s’agit pas là de manifester un projet ou ta maison de rêve — c’est plus subtil, plus intime, dans le sens où l’on crée le monde à chaque instant…par le simple fait de le percevoir à travers la lentille de notre mental et de notre ego.

C’est ça, Maya (Illusion, en sanskrit).

Ce n’est pas une illusion au sens occidental du terme (une tromperie à dépasser), mais plutôt un phénomène — le pouvoir de Maya Shakti, l’énergie créatrice de Shiva (la Conscience Suprême, l’univers).
Shakti donne forme à la conscience (c’est comme l’ordinateur qui lit le logiciel – le logiciel étant Shiva). Maya Shakti voile la notion de totalité, elle nous fait fragmenter, catégoriser les choses.
Elle nous fait croire à la séparation, à la linéarité, à la fixité…

Mais dans cette illusion, une opportunité : celle de créer notre propre réalité.

Créer, dissoudre, maintenir, révéler, voiler

Dans la tradition non-duelle du Shivaïsme du Cachemire, Shiva danse cinq actes éternels :

  1. Srishti — la création,

  2. Sthiti — le maintien,

  3. Samhara — la dissolution,

  4. Tirodhana — le voile,

  5. Anugraha — la révélation ou la grâce.

Ce ne sont pas des étapes linéaires. Ce sont des mouvements constants de la conscience en train de se découvrir elle-même.
Et dans chacun de ces mouvements, nous sommes co-créateurs — à travers notre regard, nos gestes, notre manière de ressentir le monde.

Mais voilà : notre perception est filtrée.
Voilée par des couches successives de conditionnements que l’on appelle les Kancukas :

  • Kalā — la sensation d’être limité dans nos actions,

  • Vidya — celle d’être limité dans nos savoirs,

  • Rāga — l’attachement, le manque, le désir,

  • Niyati — l’impression que tout est prédéterminé, figé,

  • Kāla — le temps, ou plutôt la croyance en un temps linéaire, séparé.

Chaque voile est une forme de contraction de notre conscience.
Et chaque pratique, chaque retour au corps est une manière de desserrer ces nœuds — de laisser circuler l’intelligence du vivant.


EN AVRIL :

Le printemps : Libérer la peur

Au printemps, la remontée du yang prend place dans la nature et dans nos corps.
C’est le moment où l’énergie s’élève, où la vie reprend sa course après l’hiver.

Dans la pratique, cela signifie aussi l’activation des méridiens des reins et de la vessie. Ces méridiens sont essentiels à notre équilibre énergétique, mais ils sont aussi les réservoirs de nos peurs — particulièrement les reins, qui sont considérés, dans la médecine traditionnelle chinoise, comme son siège.

Quand nous ramenons l’attention sur l’axe tête-coccyx et que nous réactivons les méridiens des reins et de la vessie, nous pouvons dissiper les ombres de la peur et faire place à une nouvelle énergie : le yang, la lumière, la fluidité.

Axe tête-coccyx : du mental au fondement

Le mois d’avril est dédié à l’illusion.
Non pas pour s’en méfier, mais pour apprendre à la danser.
Nous allons explorer un axe fondamental : tête-coccyx.

La tête, comme siège du Mayia Mala, ce voile de la connaissance qui nous fait croire que nous sommes séparé·es du monde.
Le coccyx, comme point d’ancrage originel — notre base, notre sentiment d’appartenance, là où dort la Kundalini, notre énergie primordiale.

En revenant dans cet axe, nous questionnons :
Qu’est-ce que je crois ?
D’où me vient cette pensée ?
Est-ce qu’elle me soutient, ou est-ce qu’elle m’enferme ?

Concrètement dans la pratique :

La répétition d’un flow enrichi 3 fois devient un terrain d’observation, et au bout de 4 semaines de cette séquence, l’exploration est totale, car elle prend en compte nos vrtti (fluctuations mentales).
Le même mouvement, mais pas la même personne.
Le même enchaînement, mais des perceptions nouvelles.
On observe comment les schémas s’accrochent… et comment ils peuvent, doucement, s’assouplir.

En conclusion : manifester le monde

Selon les tantras, la conscience se manifeste en trois mouvements fondamentaux :

Lorsque notre axe est habité, lorsque l’on descend de la tête vers la base, ces mouvements redeviennent accessibles.
Alors on n’agit plus depuis un devoir ou une peur.
On agit depuis la vie.
Et c’est ça, manifester le monde.

 


 

En avril sur Le Cocon, nous continuerons à explorer l’illusion et le pouvoir de la perception.
Des pratiques de yoga lentes et profondes, des flows répétés, une attention constante à ce que le corps révèle — et à ce qu’il cache encore.

 

Pour t’y joindre :
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LA PEAU – LIRE LE MONDE PAR LES CALQUES DU CORPS (CHAPITRE 3)

By Thèmes du moisNo Comments

Si nos os sont la fondation stable de notre être, si nos muscles traduisent l’énergie du mouvement et de l’action, alors notre peau est le seuil subtil de la perception. Elle est ce qui nous définit tout en nous reliant au monde, ce qui nous protège tout en nous exposant. C’est elle qui nous place au croisement du sensible et du sensoriel, du subtil et du tangible.

La peau est notre organe le plus vaste, le plus lourd, et pourtant, celui qui échappe souvent à notre attention. Son rôle est triple : elle est l’interface de notre individualité, le contenant de notre espace intérieur et le vecteur de nos échanges avec l’extérieur. En ce mois dédié à la peau, nous plongerons dans cette lecture fine du corps qui éclaire notre relation au monde.

La Peau et les Gunas : Une Qualité Subtile

Dans la tradition du yoga, l’univers est traversé par trois grandes qualités de l’énergie, appelées Gunas :

  • Tamas : associé à l’inertie, la densité et la stabilité. Nos os incarnent cette qualité minérale, cette structure profonde qui nous ancre et nous donne une base.
  • Rajas : lié au mouvement, à l’action et à la transformation. Nos muscles portent cette dynamique, propulsant le corps dans le monde et rendant possible l’expression du mouvement.
  • Sattva : symbole de la pureté, de la clarté et de la perception. La peau reflète cette qualité subtile, ce seuil entre l’intérieur et l’extérieur, entre ce que nous sommes et ce que nous percevons.

Sattva est la lumière qui traverse la matière, l’équilibre entre densité et mouvement, la transparence de la conscience en action. C’est dans cette clarté que la peau devient le reflet de notre état intérieur, notre premier contact avec le monde et un espace de perception fine.

La Peau : Interface et Perception

La peau est avant tout perception. Elle capte et traduit l’univers à travers ses quatre récepteurs :

  • Mécanocepteurs : Ils enregistrent la pression, la vibration et le contact.
  • Thermocepteurs : Ils informent sur la température, le chaud et le froid.
  • Propriocepteurs : Ils participent à notre perception de la position du corps dans l’espace.
  • Nocicepteurs : Ils signalent la douleur et les menaces pour notre intégrité.

    Cette multiplicité des récepteurs fait de la peau un espace d’échange constant entre le monde et nous. Deane Juhan l’exprime ainsi : « On ne peut jamais toucher une chose, on en touche toujours deux à la fois : un objet et nous-même. » Chaque contact est un dialogue entre ce que nous ressentons et comment nous nous sentons.

La Peau et le Moi : Entre Protection et Ouverture

Dans Le Moi Peau, Didier Anzieu explore huit fonctions essentielles de la peau qui dépassent son rôle physiologique :

  1. Le Moi Peau comme enveloppe : il contient le psychisme et préserve l’unité de l’individu.
  2. Fonction de contenant sensoriel : il permet d’éprouver les sensations et d’intégrer l’expérience corporelle.
  3. Fonction d’inscription des expériences : la peau mémorise les empreintes affectives et émotionnelles.
  4. Fonction de protection : elle est barrière et filtre face aux agressions extérieures.
  5. Fonction d’individuation : elle définit les contours de l’identité.
  6. Fonction de communication : elle exprime notre état intérieur par le toucher, les expressions cutanées.
  7. Fonction de support énergétique : elle régule la chaleur et la vitalité.
  8. Fonction d’ouverture à l’altérité : elle est l’espace de la rencontre et du lien.

Nous existons dans le monde à travers cette peau qui nous permet d’interagir, de nous protéger et de nous révéler.

 


 

Explorer la Peau en Yoga : ce mois-ci dans les cours

Notre exploration du mois s’articule autour de plusieurs axes :


  • Juste équilibre entre individuation et lien : explorer comment la peau marque notre singularité tout en nous reliant aux autres.
  • Connexion aux sensations de la peau et de la périphérie du corps : habiter pleinement cette interface vivante.
  • Le sens du toucher et Tvak Tattva : comprendre comment le toucher façonne notre perception du réel.
  • Yin Yoga et connexion aux glandes pinéale et pituitaire : explorer leur rôle dans l’adaptation à l’environnement et l’équilibre métabolique.
  • Conscience cellulaire et Cidakasha : plonger dans l’espace de la conscience à travers le corps subtil.

Le premier sutra des Shiva Sutras, « Caitanyam Atma » (La conscience est le Soi), nous invite à percevoir ce dialogue permanent entre sensation et sentiment, entre ce que l’on touche et ce que l’on est.

En frottant notre peau au monde, nous nous définissons. Ce mois-ci, nous apprenons à ressentir plus finement pour mieux habiter notre espace intérieur et mieux interagir avec l’extérieur.

Quelques questions pour servir notre introspection dans cette thématique

  • “Quelle est mon rapport au toucher ? Me toucher moi-même ? Toucher l’autre ? Être touché.e ?”
  • “Qu’est-ce qui me parait fluide dans ma relation entre moi et moi-même ? Et dissonant ?” (ou autrement dit : “avec quelle part de moi ai-je du mal/de la facilité à relationner ?”)
  • Qu’est-ce qui me paraît fluide dans ma relation au monde extérieur ? Et dissonant ? (par ex : comment est-ce que je me sens dans un groupe ?)

 


 

Où/comment pratiquer cette thématique ou des échos ?

  • En séance individuelle pour un accompagnement sur-mesure : + d’infos ici
  • Sur Le Cocon, yoga en ligne :
    • Programme Contemplation : un voyage en vous grâce à une alliance de yoga, de coaching et d’écriture guidée, 15 vidéos, un livret de 25 pages pour apprendre à vous connaître et à comprendre le monde sur un plan subtil
    • Le Cocon Classique : + de 65 vidéos de mouvement, de respiration et de méditation, pour une dose quotidienne de connaissance et de connexion, où et quand vous voulez.
  • En présentiel à Paris : mon planning.

Sources de l’article et du mois :

  • Wisdom of the Body Moving, Linda Hartley
  • Anatomicum, Katy Wiedemann, Jennifer Paxton
  • Chakras, Roue de la Vie, Anodea Judith
  • Le Moi Peau, Didier Anzieu : Vidéo
  • Les Shiva Sutras, Vasugupta – Sutra 1 : “Caitanyam Atma
  • La liste des 36 Tattvas

INTENTION ET ACTION : LE POUVOIR DES MUSCLES (LIRE LE MONDE PAR LES CALQUES DU CORPS – CHAPITRE 2)

By Thèmes du moisNo Comments

Pour continuer sur notre thématique du trimestre (“Lire le monde par les calques du corps”), explorons ce mois-ci les muscles !

Le mois dernier tournait autour des os, notre structure, notre architecture interne. Vous pouvez retrouver toutes les infos juste ici.

Les muscles nous évoquent spontanément la force, des abdos dessinés, du volume, de l’intensite. C’est pourtant bien plus subtil que cela. Le muscle est un organe de ressenti, un tissu qui vit et joue avec la résistance et la nuance (ou “qualité du mouvement”).

Comment pourrait-on trouver davantage d’équilibre entre action et intention ? Comment développer notre conscience des muscles afin qu’elle serve non seulement l’action, mais aussi la finesse du geste ?

Le muscle : entre mouvement et résistance

Le muscle permet le mouvement en transformant l’énergie chimique en force mécanique. Cela devient alors possible de bouger mais aussi d’interagir avec la gravité et les contraintes extérieures. Il agit comme un médiateur entre le squelette, la gravité et l’espace qui nous entoure.

Cependant, on associe automatiquement le muscle à un engagement intense alors qu’il s’agit plutôt de trouver le juste équilibre entre engagement et relâchement. Un engagement trop important bloque notre mobilité et donc le mouvement tandis qu’un relâchement total nous empêche de nous mouvoir avec clarté et justesse.

Dans une approche plus fine du mouvement, comme en yoga ou en danse, le muscle ne se résume pas à une force à exercer, mais devient le vecteur d’une intention. Une posture juste ne dépend pas uniquement de la puissance musculaire, mais de la qualité de l’engagement : savoir quand activer, comment doser, et surtout comment relâcher sans s’effondrer.

La notion d’action juste repose sur un juste dosage de l’effort.

Nos expériences, encodées dans notre gestuelle

Les muscles ne sont pas simplement des moteurs de l’action, mais aussi des espaces de mémoire et de perception.

Chaque muscle a une qualité spécifique, une tonicité qui encode la manière dont nous bougeons et dont nous nous habitons. Certains muscles sont plus engagés dans la rapidité du geste et la réaction, d’autres forment plutôt une force tranquille et nécessaire à notre ancrage et à la stabilité de notre squelette et de notre posture.

Au lieu de voir nos muscles comme des entités de force mécanique, considérons-les plutôt comme des tissus vivants et d’une grande intelligence, en permanente communication entre notre espace intérieur et notre écosystème. , nous pouvons la ressentir comme un tissu vivant, en constante adaptation et communication avec l’ensemble du corps. Cela invite à un mouvement plus fluide, plus intuitif, où la force devient un prolongement naturel de l’intention.

Vers une conscience musculaire élargie

Fort.e.s de toutes ces nuances, considérons le muscle comme le médiateur entre nous et le monde. Demandons-nous en quoi nos intentions sont supportées (ou bloquées) par nos actions. Le chemin est-il fluide ? En quoi nos tensions sont-elles un témoignage de vie (ou de style de vie) ? Que retenons-nous ? Que lâchons-nous ? 

Autant de questionnements qui nous éclairent sur notre rapport à nous-même et au monde.

Concrètement, dans la pratique posturale ce mois-ci : 

Il s’agit de trouver le juste milieu entre engagement et relâchement : accéder à la mobilité articulaire en soutien du muscle pour la pousser à son plein potentiel tout en la sécurisant. Nous nous concentrons également sur la justesse des transitions et les différentes impulsions en entrée et sortie de posture. 

Observons en quoi notre pratique et le comportement de notre corps physique sont révélateurs de notre état d’être. Comment peut-on prendre conscience de cette état à travers la sensation ? Comment réguler cet état en ré-encodant le mouvement et la tension musculaire ? 

J’ai hâte de recevoir vos témoignages sur cette exploration !

Bon voyage ♡

 

Ressources supplémentaires et sources pour cet article :